Infos VIH/SIDA
Au cours de ce mois de mai 2003, on célèbre les 20 ans de la découverte du virus du VIH/SIDA par l’équipe du professeur Montagnier. Parce que les questions de prévention des IST (Infections Sexuellement Transmissibles) font actuellement débat au sein de Quazar, et parce que ces questions doivent rester présentes encore aujourd’hui dans nos sexualités, Quazar a décidé de reprendre l’information, qui reste le premier moyen de prévenir. C’est pourquoi, aussi régulièrement que possible, nous tenterons d’interroger dans cette rubrique les acteurs angevins du VIH/SIDA (professionnels médicaux, associations…) qui pourront nous apporter des précisions sur l’évolution des chiffres, les avancées des recherches, les traitements actuels, le dépistage, les dispositifs en place pour le soutien des séropositifs, et d’autres questions que vous voudrez bien leur poser (pour cela, n’hésitez pas à utiliser le courrier postal ou l’email de Quazar). Nous avons, dans un premier temps, proposé au Docteur Pierre Abgueguen, médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU d’Angers, de répondre à nos questions.
Quazar : Quelle est, selon vous, la situation du VIH/SIDA actuellement à Angers ?
P. Abgueguen : Il existe environ 380 patients suivis dans notre service. Le nombre de suivis augmente progressivement tous les ans. Cette situation est due au fait que le nombre des décès s’est considérablement réduit depuis 1996 avec l’arrivée des trithérapies, mais également que le nombre de nouvelles contaminations et de découvertes de VIH/SIDA, lui, ne se réduit pas dans les mêmes proportions, ce qui augmente le nombre total des patients suivis. Nous sommes notamment frappés par trois choses : le nombre important de femmes VIH positives actuellement en cours de grossesse ou venant d’accoucher, le nombre de découvertes de primo-infections (contaminations récentes par le VIH), qui semble augmenter et enfin la fréquence importante avec laquelle des patients sont découverts séropositifs seulement au moment où ils font une maladie opportuniste, c’est à dire au stade de SIDA. Cette dernière observation montre la nécessité d’un diagnostic précoce et donc du dépistage, puisque que les premières maladies peuvent se déclarer seulement 5 à 10 ans après la contamination par le VIH. Enfin, je suis frappé par la fréquence non négligeable de patients qui semblent avoir été contaminés récemment simplement par fellation et par le retour à une certaine ignorance des modes de contaminations du VIH parmi les jeunes d’aujourd’hui. Tous ces points me semblent devoir être détaillés mais montrent à coup sûr que nous n’en avons pas fini avec l’épidémie du VIH en France et que nous allons même peut-être vers une reprise de l’épidémie si nous perdons notre vigilance.
propos recueillis Jérémiemai 2003