Infos VIH/SIDA


      Nous continuons avec Pierre ABGUEGUEN, médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU d’Angers, cette rubrique autour de questions relatives au VIH/SIDA et autres IST. Vous pouvez participer à cette rubrique en posant vos questions, via l’email de Quazar ou le courrier postal.

      Quazar : En quoi jugez-vous qu’il est important de se faire dépister aujourd’hui et que dépiste t-on ?
      Pierre Abgueguen : Se faire dépister c’est avant tout protéger sa santé. En effet, un des points essentiels du VIH/SIDA aujourd’hui c’est qu’un patient sur deux découvre sa séropositivité au VIH au stade de SIDA. Rappelons brièvement quelques données essentielles pour mieux comprendre : un patient est dit séropositif lorsqu’il est infecté par le VIH et il reste plusieurs années sans présenter aucun symptôme (cette durée varie entre 2 et 20 ans). La maladie évolue cependant en diminuant progressivement la capacité de l’organisme à se défendre contre un certain nombre d’infections. Cette capacité qu’a l’organisme à se défendre est mesurée par un nombre de cellules, les T4 (ou CD4). Lorsque ce nombre de cellules devient inférieur à 200, alors il y a un risque de présenter une maladie qui, si elle survient, fait transformer le terme séropositif en terme SIDA (Syndrome d’Immuno Déficience Acquis). Si un traitement est débuté avant que ce nombre de cellules soit en dessous de 200, le traitement non seulement stoppe la diminution de ces cellules mais les fait remonter, empêchant alors que le patient soit malade.
      Malheureusement, beaucoup de malades se découvrent donc séropositifs au VIH au moment où ils tombent malades, maladies qui risquent fort d’entraîner la mort ou nécessitant des traitements pouvant interagir négativement avec les médicaments du VIH qu’il faut y associer rapidement. Ainsi, plus une personne est dépistée et prise en charge précocement, plus on maîtrise l’évolution du virus et le risque de maladies opportunistes.
      Mais le dépistage n’est pas, pour moi, un moyen de prévention du VIH. Connaître son statut sérologique dans le cadre d’un couple stable avant l’abandon du préservatif m’apparaît bien sûr indispensable. Mais en dehors de ce cas, n’oublions pas que se savoir séropositif ou séronégatif ne doit changer en rien ses conduites préventives : c’est seulement avec le préservatif qu’on se protège efficacement du VIH/SIDA.
      Le dépistage peut aussi se faire pour d’autres maladies, telles que l’hépatite B et C et la Syphilis. Il peut être réalisé au centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du CHU (en dehors de la syphilis) ou en consultant son médecin traitant.


propos recueillis par Jérémie
juin 2003