Déclaration obligatoire de séropositivité:
les chiffres
Nous continuons avec
Pierre ABGUEGUEN, médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU
d’Angers, cette rubrique autour de questions relatives au VIH/SIDA et autres
IST. Vous pouvez participer à cette rubrique en posant vos questions, via l’email
de Quazar ou le courrier postal.
« - Quazar : Suite à la déclaration obligatoire
de séropositivité, des premiers chiffres ont récemment été publiés. En quoi
ces chiffres sont-ils importants et que pouvons nous en déduire ?
- P. Abgueguen :Jusqu'à présent en
France, nous n'avions des informations que sur les cas de SIDA (patients infectés
par le VIH et arrivant au stade de maladie) qui devaient nécessairement être
déclarés aux autorités administratives. Malheureusement, ces chiffres ne permettaient
pas d'estimer la dynamique actuelle de l'épidémie puisque le stade SIDA se déclare
de nombreuses années après l'infection initiale et il peut être évité par l'instauration
d'une trithérapie. Il était ainsi impossible, en France, de savoir si l'épidémie
de VIH était stable ou si au contraire comme certains le disent, de nouveau
en hausse. Seuls des éléments indirects faisaient craindre une aggravation de
l'épidémie : phénomènes de relapse, aggravation très rapide de l'épidémie de
syphilis, apparition de nouvelles IST comme la lymphogranulomatose vénérienne
rectale.
Depuis 2003, tous les nouveaux cas de séropositivité, quel que soit le stade
de la maladie, doivent désormais être déclarés. Un dispositif a été mis en place
avec les professionnels de santé et les associations de malades afin que la
déclaration reste anonyme et qu'un patient ne puisse pas être déclaré plusieurs
fois. Parallèlement à la déclaration, une étude du virus de chaque patient est
réalisée afin de voir, entre autre, si des types de virus particuliers sont
en train d'émerger et s'il n'apparaît pas des virus résistants aux médicaments.
L'essentiel à comprendre c'est qu'il faudra plusieurs années de comparaison
de résultats avant de savoir si oui ou non l'épidémie de VIH repart à la hausse
en France et que les résultats uniques de cette année ne permettent aucune conclusion.
De plus, tous les hôpitaux n'ont pas débuté la déclaration de toutes les infections
à VIH dès le début 2003, une certaine organisation devant se met-tre en place.
Nous-mêmes à Angers, nous n'avons commencé à déclarer les nouvelles infectionsà
VIH qu'en fin d'année 2003, en raisons de difficultés à utiliser le logiciel
qui rend anonyme les le logiciel qui rend anonyme les informations que nous
déclarons.
Au 30 septembre 2003, 1843 nouvelles sérologies ont
été déclarées, mais l'analyse des résultats ne porte que sur 1301 déclarations
exploitables. L'âge moyen au moment du diagnostic est de 37 ans. Plus de la
moitié des nouveaux diagnostics d'infection VIH concerne des personnes contaminées
par rapports hétérosexuels et 21% par rapports homosexuels.
Cependant, la contamination par rapports hétérosexuels concerne des femmes dans
74% des cas et chez les hommes, les contaminations par rapports hétérosexuels
et rapports homosexuels sont comparables. Les 269 hommes contaminés par rapports
homosexuels sont dans leur grande majorité (83%) de nationalité française. Plus
de la moitié (58%) des nouveaux diagnostics chez les homosexuels sont des infections
récentes ; les homosexuels étant le groupe pour lequel la proportion des infections
récentes est le plus élevé ce qui peut être le reflet du relâchement des comportements.
Ainsi, si les femmes, les populations étrangères et les relations hétérosexuelles
prennent une place de plus en plus grande dans les cas de SIDA déclarés, les
contaminations les plus récentes pourraient bien se faire avant tout lors de
relations homosexuelles.
Pour plus de détails, vous pouvez consulter le document du BEH (bulletin épidémiologique
hebdomadaire) sur " la notification obligatoire du VIH " comportant le détail
des chiffres sur Internet : www.invs.sante.fr/beh/2004/24_25/beh_24_25_2004.pdf