Edito

 

Entièrement à part ?

 

" Sommes-nous des citoyens français à part entière ou entièrement à part ? ", c'est la question que posaient récemment devant les médias des Guadeloupéens qui demandent à juste titre une égalité de traitement avec les métropolitains.
     Cette question, les jeunes des cités se la posent toujours, quatre ans après les émeutes qui ont attiré l'attention sur eux sans que grand chose n'ait été fait depuis. D'autant plus que le mot "jeunesse" a disparu de l'intitulé du ministère de Roselyne Bachelot, désormais ministre de la Santé et des Sports. Comme pourraient bien disparaître les délégations départementales de la Jeunesse et des Sports dont les financements se rétrécissent comme peau de chagrin, mettant en difficulté nombre d' associations ou d'actions en direction des jeunes, dans ces quartiers ou ailleurs...
     Cette question, les femmes peuvent de la poser aussi car, au-delà des belles paroles et des lois en principe applicables, force est de constater que de nombreuses inégalités de traitement existent dans notre beau pays, au niveau de l'emploi, du salaire, de la carrière professionnelle et de la parité avec les hommes dans la représentation nationale (assemblée notamment). Le 8 mars, Journée Internationale des Femmes, est là pour le rappeler, même si la condition féminine est autrement plus critique dans de nombreuses régions du monde. Mais le Mouvement Français pour le Planning Familial voit lui aussi ses financements réduits de près de moitié, ce qui met en danger des actions de prévention, d'écoute et d'information dont nul ne peut contester l'utilité.
     Cette question, les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenre peuvent également se la poser car, contrairement à beaucoup d'autres pays proches, leurs droits n'ont pas évolué depuis une dizaine d'années, depuis le vote du PaCS en 1999. La liste est longue : mariage, adoption, reconnaissance de l'homoparentalité, don du sang, procréation assistée pour les lesbiennes, parcours non-psychiatrique pour les trans… 
Un statut du beau-parent en préparation depuis un an intégrera-t-il les familles homoparentales ? Pas sûr… Quant aux trans, il est urgent d'attendre. Un texte récent du Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe fait un état des lieux réaliste du traitement très inégal et inégalitaire des situations liées à la transidentité dans les pays de la Communauté. Quid du reste du monde…
Dans une époque marquée par la montée des nationalismes et des intégrismes, toutes religions confondues, l'Europe ne doit pas lâcher prise dans sa prise en compte des droits LGBT, domaine dans lequel elle est en pointe, bien qu'il reste beaucoup à faire… pour que les personnes concernées ne soient plus des " citoyens entièrement à part. "
 

¤ Jacques Guiton
mars 2009
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