Culture

 

Le Roi René aimait les poètes...

Angers célèbre cette année le 600ème anniversaire de la naissance de René, duc d'Anjou, appelé plus familièrement " le bon roi René ". Comme beaucoup de hauts personnages de cette époque, René guerroya (notamment au côté de Jeanne d'Arc), s'amusa (fêtes grandioses, tournois), s'entoura d'artistes et délégua à quelques chambellans la gestion de ses terres. Mais René fut aussi un écrivain et un poète. Sa route croisa celle de deux autres poètes de cette époque, François Villon et Charles d'Orléans. François Villon menait une vie d'errance, fréquentait les prostitué(e)s et les truands, il fut accusé de meurtre et de vol, il quitta Paris et vint à Angers, probablement pour se mettre sous la protection du roi René, puis se rendit à Blois à la cour de Charles d'Orléans. Celui-ci semble l'avoir bien accueilli dans un premier temps, et apprécia à sa juste valeur ses talents de poète. Hormis une longue période de captivité en Angleterre, la vie et l'environnement de Charles d'Orléans sont assez proches de ceux de René d'Anjou. D'ailleurs, les deux personnages se connaissaient bien. 
Une étude récente de Thierry Martin vient confirmer ce que d'autres auteurs suggéraient à demi mot : l'homosexualité est très présente dans les œuvres de François Villon et de Charles d'Orléans qui utilisent un langage à double sens appelé " jobelin ". Ainsi, un vers anodin dans un poème de Villon devient, traduit en jobelin, une joyeuse partie de jambes en l'air entre clercs … Très utilisé au XVème siècle, cet argot permettait aux auteurs d'évoquer des thèmes jugés contraire à la morale sans risquer la censure. Le roi René connaissait-il le jobelin ? A-t-il réellement rencontré Villon ? Si ces questions sont pour l'instant sans réponses, on sait qu'il aimait batifoler (il eut au moins quatre enfants hors mariages) et qu'il écrivit  " quelques petits poèmes adressés à Charles d'Orléans " …

¤ Bernard Moreau
avril 2009