Baltic Pride 

 

Retour de Riga : le choc des cultures


Le samedi 16 mai j'ai représenté les associations angevines Quazar et Contact (Parents et familles de gays et lesbiennes) à la Baltic Pride de Riga (Lettonie), organisée à l'initiative de l'association Mozaika. C'était la première fois que les associations des trois pays baltes (La Lettonie, la Lituanie et l'Estonie) se réunissaient pour faire une marche. La Baltic Pride tombait le même jour que la marche à Angers et il me semblait important de montrer une solidarité avec nos amis LGBT dans un région européenne qui ne respecte pas toujours le droit des minorités sexuelles, malgré les lois en vigueur.
La veille de la marche, il y avait la projection des documentaires en Europe de l'Est. Une dizaine de neo-nazis ont trouvé bon d'assister à la projection en sifflant, d’insulter l'écran, et d’applaudir les images des victimes des agressions homophobes, devant une assistance glacée, avant d'être éjectés du cinéma.
Le lendemain, les participants avaient droit à un briefing sur les consignes de sécurité à respecter : ne pas réagir aux insultes, noter les numéros d'urgence, apporter un vêtement de rechange pour se mêler à la foule après la marche, quitter le parc à deux et de préférence avec un membre du sexe opposé pour éviter de se faire casser la gueule. Bref, de quoi faire flipper un habitué de la joyeuse pagaille des marches françaises.

Malgré une tentative ratée d'interdiction de la marche par la municipalité, quelque 450 participants de partout en Europe ont marché paisiblement autour du Vermanes Danz, un jardin public au centre de la capitale lettone. Moins paisibles étaient les quelques centaines de contre-manifestants ( évangélistes protestants, adhérents à l'association NoPride portant un t-shirt contre la sodomie, simples homophobes freelance) venus nous hurler des insultes en russe et en letton par dessus les têtes d'une centaine de “CRS’ présents pour nous protéger pendant la marche. Au soulagement des organisateurs, il n'y avait pas de projections d'oeufs ou de peinture cette année sur les marcheurs.J'ai marché à côté d'une parlementaire lituanienne qui a perdu son siège pour avoir dignement remis en question l'homophobie de son pays, un enseignant chercheur en sociologie de l'université de Kaunas mis au placard pour avoir parlé ouvertement des discriminations à ces étudiants, et des jeunes membres d'une association lituanienne, la Tolerant Youth Association, qui essaient de faire changer les mentalités. Les jeunes membres des sections européennes d'Amnesty Internationale ont scandé « Human Rights for All » dans toutes les langues de l'Est, avant de chanter « I will survive » et « All You Need Is Love », afin de répondre aux hurlements des contre-manifestants.

La marche n'avait rien à voir avec une marche à la française : ni chars, ni musique, ni folie, ni exubérance, juste une tension palpable et un énorme sentiment de victoire d'avoir réussi une marche sans incidents graves. Le lendemain, le tabloïde homophobe Respublika s’en est donnée à coeur joie en détaillant la souffrance des pauvres hétérosexuels obligés à subir la présence des homosexuels en public, et en montant en épingle et en photo le baiser tout à fait chaste entre moi et un beau balte. Ce geste d'affection – tout à fait banal en France, a été vécu comme une vraie provocation, y compris par les amis lituaniens, car trop osé pour le contexte. Un ami letton m'a dit que seule la moitié des commentaires sur les sites web étaient ouvertement homophobes, un progrès paraît-il.
Pendant ce temps, 1500 personnes, toutes identités sexuelles se joignaient à la marche festive d'Angers. J'apprécie d'autant plus la lettre ouverte envoyé au maire de Riga par Jean-Claude Antonini, maire d'Angers, qui invitait son confrère à l'ouverture et la protection des marcheurs. A Riga et à Angers, nous avons marché samedi ensemble pour assurer à tout un chacun la liberté d'expression et d'assemblée pour tous, quelle que soit son identité sexuelle.

¤ Michael O' Connor
mai 2009