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Retour de Riga : le choc des cultures
Malgré une tentative ratée d'interdiction de la marche par la
municipalité, quelque 450 participants de partout en Europe ont marché
paisiblement autour du Vermanes Danz, un jardin public au centre de la
capitale lettone. Moins paisibles étaient les quelques centaines de
contre-manifestants ( évangélistes protestants, adhérents à
l'association NoPride portant un t-shirt contre la sodomie, simples
homophobes freelance) venus nous hurler des insultes en russe et en
letton par dessus les têtes d'une centaine de “CRS’ présents pour
nous protéger pendant la marche. Au soulagement des organisateurs, il
n'y avait pas de projections d'oeufs ou de peinture cette année sur les
marcheurs.J'ai marché à côté d'une parlementaire lituanienne qui a perdu son
siège pour avoir dignement remis en question l'homophobie de son pays, un
enseignant chercheur en sociologie de l'université de Kaunas mis au
placard pour avoir parlé ouvertement des discriminations à ces étudiants,
et des jeunes membres d'une association lituanienne, la Tolerant Youth
Association, qui essaient de faire changer les mentalités. Les jeunes
membres des sections européennes d'Amnesty Internationale ont scandé «
Human Rights for All » dans toutes les langues de l'Est, avant de chanter
« I will survive » et « All You Need Is Love », afin de répondre aux
hurlements des contre-manifestants. La marche n'avait rien à voir avec une marche à la française : ni
chars, ni musique, ni folie, ni exubérance, juste une tension palpable et
un énorme sentiment de victoire d'avoir réussi une marche sans incidents
graves. Le lendemain, le tabloïde homophobe Respublika s’en est donnée
à coeur joie en détaillant la souffrance des pauvres hétérosexuels
obligés à subir la présence des homosexuels en public, et en montant en
épingle et en photo le baiser tout à fait chaste entre moi et un beau
balte. Ce geste d'affection – tout à fait banal en France, a été vécu
comme une vraie provocation, y compris par les amis lituaniens, car trop
osé pour le contexte. Un ami letton m'a dit que seule la moitié des
commentaires sur les sites web étaient ouvertement homophobes, un progrès
paraît-il. ¤ Michael
O' Connor |