Segré : le calvaire d'un couple de lesbiennes
Quazar dénonce l'impéritie des pouvoirs publics et de la gendarmerie
Deux lesbiennes de Segré, Jessica 24 ans et Virginie 28 ans, ont été victimes en plein centre-ville d'insultes lesbophobes, de menaces et d'intimidation de la part d'un groupe d'une vingtaine de jeunes, parfois mineurs.
Le 15 mai 2008, un jeune qui avait proféré des propos lesbophobes à leur encontre n'a pas été poursuivi. Le 30 août 2008, un jeune les a menacées physiquement. En novembre 2008, il a écopé d'un mois de prison avec sursis et de 200 € de dommages et intérêts. Le même soir on tirait en leur direction avec des balles à blanc. Depuis début juin dernier, les jeunes femmes ont dû faire face à une montée de violences jamais égalée. Voiture intentionnellement rayée, violation de domicile s'ajoutent aux insultes proférées sous leur fenêtre depuis la voie publique, le vendredi 5 juin. Florilège:
« Bande de sales gouines, descendez ! », « Viens sucer ma queue », « Je vais te la mettre dans le cul, tu vas aimer ». Les deux jeunes femmes ont fait appel à la gendarmerie, qui était présente à quelques mètres, mais qui n'est pas intervenue. Le week-end en question, elles ont porté plainte pas moins de quatre fois, pour violation de domicile, menaces avec arme, injures discriminatoires, et jet de détritus. |
Un courageux témoignage Jessica et Virginie ont osé briser le silence en témoignant dans le Courrier de l'Ouest du 12 juin. Gilles Grimaud, maire de Segré, nous a déclaré avoir été informé à cette occasion et n'avoir jamais reçu leur courrier d'août 2008. Premier dysfonctionnement. Depuis, il les a reçues à maintes reprises, leur indiquant qu'il « ne pouvait pas déplacer un problème pour en résoudre un autre » (sic). Jeudi 11 juin, Jessica et Virginie ont rencontré Laurent Olivier, sous-préfet de Segré, en présence du capitaine de gendarmerie qui leur ont assuré « avoir un oeil sur le dossier ». |
L'engagement de Quazar Sccandalisé par cette situation, Quazar s'est immédiatement mis en relation avec Jessica et Virginie afin de leur apporter tout son soutien et des conseils dénonçant l'attitude laxiste des pouvoirs publics locaux et de la gendarmerie. Quazar a exigé des mesures de protection face aux agressions inqualifiables envers la dignité de deux citoyennes de Segré en raison de leur orientation sexuelle. L'impéritie des pouvoirs publics a conduit à renforcer le sentiment d'impunité des ces jeunes lesbophobes, qui se comportent comme de jeunes mâles sexistes, dominateurs et insultants envers les femmes, pour qui le sexe est un enjeu de domination. Rappelons qu'en France, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups d'un mari ou d'un compagnon. Le sexisme et la lesbophobie, au même titre que toutes les autres discriminations, sont des fléaux sociaux. |
Une pétition Quazar a donc initié une pétition de soutien à Jessica et Virginie sur son site ainsi qu'une marche, le mardi 30 juin à Segré, avec d'autres associations, de femmes notamment, des individus et des partis. Tous, nous dénonçons des faits ignobles et lâches qui ne reflètent pas le vivre-ensemble dans le Segréen. Quels futurs citoyens seront ces jeunes ? Quels citoyens notre société leur permet-elle de devenir ? Cela pose la question évidente de l'éducation qu'ils ont reçue dans leurs familles et pendant leur cursus scolaire. Mais pas uniquement. Il a fallu que Quazar appelle la gendarmerie de Segré, après avoir fustigé ses «ratés», a beaucoup plus d'attention et de discrétion vis à vis des nouvelles coordonnées des deux victimes dans les enquêtes en cours. |
Les faits sont têtus Aujourd'hui, Jessica et Virginie ont dû quitter Segré pour retrouver la tranquillité, aidées par la mairie pour leur déménagement. Symboliquement, cela signifie que la ville de Segré aide les lesbiennes à mieux quitter son territoire, et que ce sont les victimes qui doivent partir face aux fauteurs de trouble ! C'est intolérable pour nous, femmes et hommes, qui sommes attachéEs au valeurs d'égalité des droits des citoyennes et à la lutte contre toutes les formes de discrimination. Nous attendons des pouvoirs publics qu'ils deviennent des acteurs efficaces de cette lutte, avant que des agressions en récidive comme celle vécues par Jessica et Virginie n'atteignent une telle ampleur. Nous réfutons toute fatalité et tout discours de satisfaction des autorités. A Segré, il y a eu une accumulation de faits gravissimes envers les victimes, rendue possible faute de réactivité. |
Assez de paroles, des actes !
Pour Jessica et Virginie s'ouvre un difficile combat judiciaire. Quazar, les accompagne plus que jamais et leur a trouvé un avocat pour prendre en charge les procédures en cours. Avec leur accord, Quazar se constituera partie civile au(x) procès. Il faudra bien que les pouvoirs publics tirent les leçons de leurs erreurs en répondant à de simples questions: «Comment et pourquoi ?» Assez de paroles et de bonnes intentions, nous voulons des actes concrets et efficaces et nous comptons bien en proposer pour éduquer les pouvoirs publics à plus de prégnance en matière de lutte contre les discriminations, d'autant que d'autres cas s'annoncent en Anjou. |
¤ Stéphane
Corbin
juillet 2009 |