L’électeur lambda
L’évolution des droits des personnes Lesbiennes, Gays, Bi, Trans est au centre de nos préoccupations et se retrouve périodiquement dans le débat public, au gré des projets de lois en France et des directives et orientations européennes votées par les députés élus.
Début juin, nous avons voté pour élire ces députés européens. De ce vote s’est dégagé une majorité qui influera évidemment sur les votes à venir. Or la majorité qui vient d’être élue a une nette coloration de droite populiste... pas franchement favorable à l’évolution des droits LGBT.
Partant de ce constat, peut-on raisonnablement espérer des progrès dans l’égalité des droits entre tous les citoyens européens quelles que soient notamment leur origine, leur sexe ou leur orientation sexuelle, en élisant à chaque scrutin ceux qui précisément refusent toute évolution dans ces domaines ?
C’est bien cela le paradoxe de l’électeur lambda à chaque échéance électorale, nationale ou européenne. Un électeur qui, en France, vient de passer des mois à râler, enchaîner grèves et manifs en vouant aux gémonies ceux qui nous gouvernent et leur parti et faire en sorte par son vote ou non-vote que ce parti sorte encore renforcé des élections.
Serait-ce que la bonne vieille ficelle de l’insécurité brandie - sans vergogne tout en s’en défendant - juste avant le vote, par un président et des ministres du parti majoritaire, a encore joué son rôle pour provoquer le vote “utile” ? Quand on voit le résultat négatif persistant dans le domaine de la lutte contre l’insécurité de l’équipe au pouvoir depuis de longues années, on pourrait en douter et pourtant...
Nous sommes en droit d’attendre autre chose que ce refus qu’on nous oppose depuis de longues années dès qu’il s’agit de faire évoluer les droits des personnes LGBT vers l’égalité. Les Marches des Fiertés et Lesbian & Gay Prides qui ont lieu en cette saison avec un succès grandissant d’année en année sont là pour le rappeler et pour rappeler à l’électeur lambda qu’il faudrait peut-être qu’il y pense la prochaine fois qu’il ira voter.
A quoi sert-il de voter des lois répressives contre l’homophobie si des représentants des forces de l’ordre, des procureurs et des juges rechignent à les appliquer ou blanchissent ceux qui les enfreignent ? A quoi servent les bonnes paroles du ministre de l’Education Nationale dans ce domaine si on ne s’assure pas qu’elles sont suivies dans les établissements scolaires ?
Un patron de bar gay agressé à Laval, un couple de lesbiennes harcelé à Segré, un jeune homo victime d’agression sexuelle dans un lycée à Cholet, le Centre LGBT de Nantes vandalisé, une nouvelle agression homophobe à Rennes, le tout en quelques semaines... La liste est longue mais n’est hélas pas close, tant que les auteurs de ces faits détestables auront un sentiment d’impunité.
Bonnes vacances malgré tout à l’électeur lambda et à vous toutes et tous.
¤ Jacques Guiton
juillet 2009
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