C'est le sous-titre d'un livre, " Homo - Ghetto ", que vient de publier le journaliste Franck Chaumont (Ed. Le Cherche- Midi). Il a recueilli les témoignages de gays et de lesbiennes des cités populaires, où le seul fait d'être homosexuel est une condamnation aux pires châtiments. La plupart sont d'origine maghrébine, et mènent une double vie : le macho (éventuellement casseur de pédés) avec les potes du quartier, la drague loin de la cité dans les soirées Black Blanc Beur, dans le Marais ou le centre des grandes villes. Avec une obsession : que la famille et la bande ne découvrent jamais la face cachée de leur existence. Mais la diversité des témoignages montre que dans un environnement semblable ces femmes et ces hommes ne réagissent pas tous de la même façon. Dans la seconde partie du livre, l'auteur analyse brièvement - et parfois de façon approximative - la situation passée et présente des homosexuels en France et dans le monde, et les spécificités liées à l'environnement social, culturel et religieux dans les cités.

Brahim Naït-Balk, qui témoigne dans " Homo-Ghetto " , anime une émission de radio sur l'homosexualité et entraîne l'équipe Paris Football Gay. Il sort un livre, " Un homo dans la cité " (Ed. Calmann-Lévy), qui retrace son long et difficile parcours : sa famille marocaine où l'idée même d'homosexualité n'existe pas ; la difficulté d'être de culture musulmane et homosexuel, même si l'on est non-croyant ; la pression, les brimades, les agressions sexuelles par les caïds de la cité. Oui, ces petits mâles qui le violent ne sont pas homos, ils ne sont pas le " passif ” du couple ! Il lui faudra de longues années pour dépasser la honte et la peur. Dans une interview, Brahim dit une chose qui fait réfléchir : " Moi, dans la cité et à l'extérieur, j'ai bien plus souffert d'homophobie que de racisme. " 
Deux livres complémentaires qui donnent la mesure du chemin qui reste à parcourir dans la France des cités …

¤ Bernard Moreau
novembre 2009