Quand les machos se maquillaient
Après les propos du patineur français Brian Joubert qui a peur de passer pour une chochotte en voyant ses collègues "efféminés" (voir le dernier QZN), les réflexions passablement homophobes de deux journalistes canadiens sur un jeune patineur américain en rajoutent une couche :
" Il a du rouge à lèvre, il s'habille de façon féminine, il a le droit mais c'est un très mauvais exemple. On va croire que les garçons qui patinent vont tous devenir comme ça
".
Et pourtant ... Du fond de teint, les yeux et la bouche maquillés, les joues poudrées, des parfums soutenus, une perruque, des rubans et des dentelles partout : non, ce n'est pas la grande Zoa, c'est Louis XIV, le très macho Roi Soleil ! A cette époque, les hommes et les femmes de la noblesse et de la grande bourgeoisie se maquillaient et portaient des habits et des bijoux très "kitsch". Ils se poudraient le visage jusqu'à devenir blanc comme un cadavre afin de se différencier des manants paysans ou terrassiers à la peau burinée par le soleil et le vent (aujourd'hui, les "peoples" sont bronzés toute l'année...). En remontant dans le temps, on s'aperçoit qu'en occident et dans le bassin méditerranéen (pour se limiter à notre région) les hommes ont souvent utilisé des onguents, des huiles parfumées, du khôl, selon les modes ils ont parfois porté des coiffures
et des vêtements très sophistiqués.
Mais tous n'étaient pas maquillés et habillés de dentelles et de soie, loin de là ... Seuls les femmes et les hommes de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie se pomponnaient. Ainsi, l'aspect physique et vestimentaire marquait essentiellement une différence sociale, alors qu'aujourd'hui elle veut symboliser une différence sexuelle. Ces jeunes patineurs ou chanteurs qualifiés par certains "d'androgynes" brisent les tabous qui nous emprisonnent dans des représentations convenues. Des tabous qui ont la vie dure, y compris chez les homosexuels ...
Le joueur de football ardennais Yohann Lemaire semble regretter aujourd'hui son
coming-out. Le président de son ancien club vient de lui envoyer la facture des frais de transports occasionnés par une rencontre entre son équipe et le Paris Foot Gay : il a raison, entasser une quinzaine de mecs dans un minibus pendant plusieurs heures, c'est de la provocation !
Le 1er mars, c'était la journée sans immigrés : ceux-ci étaient invités à arrêter leur travail, le temps de montrer que sans les travailleurs immigrés beaucoup de secteurs économiques s'arrêtent de tourner. Rêvons d'une journée sans homos, où tout le monde jouerait le jeu dans un immense coming-out national : il y aurait bien des surprises ... Attention, ne pas l'organiser lors d'une journée du championnat de foot, les clubs risqueraient de ne pas pouvoir aligner 22 joueurs sur le terrain.
¤ Bernard Moreau
avril 2010
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