Lundi soir, aux 400 coups, à l'issue de la projection du film Boys don't cry' une rencontre débat aura lieu avec l'historienne de la condition féminine et vice-présidente de l'association QUAZAR, Christine Bard.
      Voilà déjà plusieurs années que l'association QUAZAR, en partenariat avec les 400 coups, organise un cycle d'une semaine consacrée au cinéma gay et lesbien. Certaines années furent, en raison du nombre assez limité de films abordant frontalement le sujet, peu fructueuses (seulement deux films programmés l'année dernière).
      Ce n'est pas le cas de l'année 2000, qui a vu de nombreux réalisateurs se frotter à un sujet qui n'est pas des plus faciles à traiter. Le danger est grand en effet de tomber dans les clichés les plus sombres pour attendrir ou effrayer un grand public amateur d'exotisme sexuel ou au contraire, se cantonner dans un cinéma underground plus communautariste qu'autre chose (tout le monde n'est pas Fassbinder ou Warhol).
      Les cinq films présentés cette année dans le cycle Autres désirs' évitent ces pièges. Parmi eux, projeté mardi soir à 20h15 aux 400 coups, "Boys don't cry" de Kimberley Pierce qui retrace le parcours d'une jeune fille qui prend l'apparence d'un garçon et qui finit par payer cher son désir de devenir un autre. Ce film, inspiré d'un fait divers réel, fit à sa sortie l'effet d'une petite bombe dans un milieu du cinéma américain aussi déconcerté qu'émerveillé (l'actrice principale, Hillary Swank a été récompensée de l'Oscar de la meilleur actrice).
      Christine Bard, historienne du mouvement féministe et professeur d'histoire contemporaine à l'Université d'Angers, interviendra à la suite de la projection pour exposer ses vues de chercheuse sur la lesbophobie qui s'exerce toujours dans nos sociétés occidentales, et susciter un dialogue avec le public.
      L'intervenante a écrit de nombreux ouvrages traitant de la condition féminine à travers les âges. On peut lire notamment "Les Garçonnes" (Flammarion) et sa contribution à l'ouvrage collectif "Un siècle d'anti-féminisme" qu'elle a elle-même dirigé et qui est le fruit d'un séminaire qui s'est tenu à Angers l'année dernière.

Angers Journal, 06.06.2000