Le magazine Têtu de juin, dans la ligne de mire du PEPS

L'association PEPS a déposé une plainte auprès du procureur de la République contre le magazine homosexuel Têtu. Un «écrivain adophile et pédophile notoire» ainsi que quelques photos de sexe d'hommes sont visées par la croisade anti-zizi angevine.


Geneviève Langlois reprend sa croisade anti-pornographie et le chemin des tribunaux. Cette fois, il s'agit d'une plainte déposée contre le magazine homosexuel Têtu du mois de juin 2001. La présidente du PEPS (Protégeons l'Enfant contre la Pornographie dans la Société) estime que «des photos à caractère pornographique» sont présentées aux pages 71 et 73 du magazine. On voit sur une des photos, un homme dévêtu tenant dans sa main son appareil génital.

Elle s'attaque également à un article (pages 26 et 27) concernant Gabriel Matzneff, qu'elle qualifie d'«écrivain adophile et pédophile notoire» et d'«inacceptable». Dans cet article, l'écrivain déclare entre autres: «entre être étudié à l'école et faire la sortie des écoles, il faut choisir».

G. Langlois dénonce aussi le fait que le magazine soit «en vente libre dans toutes les maisons de la presse sur tout le territoire français» et qu'«il n'y a pas de blister (conditionnement plastique, ndlr) pour protéger les mineurs». La croisade anti-pornographique de la présidente du PEPS s'attaque pour la première fois à un journal homosexuel et précise que la plainte ne vise pas l'homosexualité mais les propos et photos publiés dans le journal. Pourtant, récemment, Quazar (association angevine défendant les droits des homosexuels) affichait les propos homophobes de Geneviève Langlois.. En 2000, à la veille de la Lesbian & Gay pride d'Angers, Geneviève Langlois avait pris «sa plume pour avertir (...) du danger que représente Quazar, en militant pour l'adoption par les homosexuels».

Elle n'en est pas à son premier assaut contre la «pornographie». De la requête d'annulation et de sursis à exécution auprès du Conseil d'Etat concernant le film Fantasme (du réalisateur Coréen Jang-Sun Woo), à la charge contre les strip-teases intégraux dans une discothèque autorisés aux plus de 16 ans, en passant par la chasse aux Gang-Bang (pratiques sexuelles mettant en scène deux hommes et une femme), G. Langlois «rêve du jour où [elle pourra] faire condamner ce genre de revue (Têtu, ndlr) à une amende dissuasive, car s'il est évident qu'elle n'est pas la seule à se moquer de la loi, peut-être que cela ramènerait les éditeurs et les rédactions à plus de respect de la dignité humaine».

Un souhait qui revient à faire du magazine «Têtu» un exemple juridique en matière de «ce qui est permis et ce qu'il ne l'est pas»... selon les critères de PEPS. Dans ce genre d'affaire juridique, Geneviève Langlois estime que «une loi est mal adaptée» et regrette qu'il faille être «expert judiciaire pour gagner un procès».

Contactée dans la journée, la rédaction du magazine Têtu, étant en plein bouclage, n'a pas souhaité réagir à une plainte qui ne lui avait pas encore été signifiée par la justice. Le directeur de publication doute de la recevabilité de la plainte et ne souhaite pas un débat qui n'a pas lieu d'être pour le moment selon lui.

Dans la Feuille Littéraire n°5 (1989), François Mitterrand écrivait à propos de Gabriel Matzneff que «la spontanéité de son jugement, exprimée dans un style limpide, s'allie à une exigence de vérité qui le mène souvent hors des limites considérées comme ordinaires».

Angers Journal, 11.06.2001