2è " Gay Pride " samedi au cœur d'Angers :
les homos veulent " sortir du placard "


" Pride " en anglais c'est la " fierté ". C'est cependant " sans fierté, mais sans honte " que les homosexuels angevins ouvriront, samedi, la première " Lesbian & Gay Pride " de France.

L'homophobie est de moins en moins " politiquement correcte ". De plus en plus de citoyens ne considèrent plus l'homosexualité comme une perversion ou comme un " vice abominable " ainsi que l'avait défini, il n'y a pas si longtemps, Jean Foyer, ancien Garde des Sceaux. Il n'empêche. " La pression familiale, professionnelle et celle du voisinage demeure forte " déplore Yannick Taillandier président de l'association Quazar, organisateur de la deuxième " Lesbian & Gay Pride " qui animera les rues d'Angers samedi 19 mai.
Une marche " politique, culturelle et festive " selon les organisateurs " sans fierté particulière, mais sans honte non plus à se découvrir tels que nous sommes, pour en finir avec les discriminations. Trop parmi nous s'échinent à s'inventer des petites amies. Ce jour-là nous sortons du placard ". Ils étaient 700 dans le cortège l'année dernière, " homos " ou " hétéros " sympathisants. Ils en espèrent davantage encore cette fois, conscients de ne présenter " qu'une infime partie de l'iceberg : la pression sociale est telle que la plupart n'osent même pas en parler à leurs parents et souffrent en silence ".
Il n'y a pas de portrait-robot de l'homosexuel
Bien des passants, peut-être, ne retiendront que les quelques poignées de " folles " résolument provocantes, telles ces " sœurs de la perpétuelle indulgence ", mouvement gay radical dont l'action, très réelle et bénévole vaut mieux, pourtant que cette bouffonnerie, et quelques travestis. " Mais il n'y pas de portrait robot de l'homosexuel " s'échinent à expliquer les délégués de Quazar : " On estime que 4% des français le sont, autrement dit près de 8000 à Angers ; des fonctionnaires et des chauffeurs routiers, des étudiants et des ouvriers aussi bien que d'autres, objectivement plus provocants ". Mais au nom de l'intégration qu'ils prônent pour eux mêmes, les organisateurs de la manif " gay " ne peuvent difficilement en exclure les plus dérangeants, parfois prosélytes.
Quittant le parking du château à 14h30, le cortège " soutenu par la mairie et des représentants de la gauche plurielle " empruntera le boulevard du Roi-René, la rue Voltaire et le Ralliement où un instant de recueillement sera respecté " pour tous les homosexuels qui dans les pays totalitaires sont emprisonnés ou carrément tués ", rue Lenepveu et place Imbach, enfin, vers 16h30, pour des prises de paroles militantes.
Les luttes majeures du petit groupe angevin (65 adhérents seulement) portent sur l'homophobie et " une amélioration du Pacs : son effet est immédiat au plan social, mais deux ans de délais sont imposés au plan juridique et trois ans au plan fiscal ". Sur l'homoparentalité aussi " pour un débat plus serein ".
Comme chaque année, les " homos " angevins ont attribué leur prix " Dinosaure " de l'homophobie. Il a été décerné " à l'Etablissement Français du Sang qui, dans une circulaire, invite les homosexuels, garçons ou filles, à ne même pas se déplacer pour donner leur sang ".

Le Courrier de l'Ouest, 16.05.2001