Gay Pride: « Les gays et les lesbiennes n'ont pas à être réduits au silence »

La première Gay Pride angevine a vécu. Avec bonheur. Sept cents participants selon les organisateurs, cinq cents selon les forces de l'ordre: la vérité, comme à l'accoutumée, se situe vraisemblablement à mi-chemin. Mais qu'importe! En tant que président de Quazar, (l'association organisatrice), Laurent Ferron retient, avant tout, le succès de cette manifestation qui devrait logiquement être renouvelée l'an prochain.
Courrier de l'Ouest: Quel bilan tirez-vous de cette première Gay Pride angevine?
« Laurent Ferron: Je suis évidemment très content de la manifestation. Les gens étaient au rendez-vous. Des gens d'origines très diverses qui se sont retrouvés dans la rue. Nous étions entre 500 et 700. C'est beaucoup pour une première. Lorsqu'ils ont commencé à Nantes il y a quelques années, ils n'étaient que 200 ou 300. Mais bon, nous sommes en l'an 2000, peut-être que les choses changent ».
Avez-vous été surpris du soutien venu des partis politiques et des organisations syndicales?
« Non. Parce que c'est le résultat d'un travail de proximité qui se fait depuis plusieurs années à Angers. Nous avons appris à nous connaître, et le débat sur le PaCS a permis à plusieurs organisations de se familiariser avec les questions concernant les gays et les lesbiennes. Dans un sens positif ».
Inversement, avez-vous regretté des soutiens qui ne se sont pas manifestés?
« Disons que certains s'étonnent de voir les partis de gauche manifester avec nous. C'est aux partis de droite de dire qu'eux aussi désapprouvent l'homophobie. Roselyne Bachelot a été la seule à droite, à nous avoir rencontrés pendant une heure, il y a une dizaine de jours. Samedi, les forces progressistes étaient dans la rue ».
Des critiques ont été entendues concernant le soutien de la ville d'Angers à cette Gay Pride. Qu'en pensez-vous?
« A mon sens, il s'agit de critiques extrêmement minoritaires. Je pense que les gens devraient s'informer davantage de la démarche d'une Gay Pride. Je rappelle qu'il s'agit, une fois par an et partout en France et ailleurs, de montrer que les gays et les lesbiennes existent. Qu'ils n'ont pas à être réduits au silence. C'est vrai que l'on fait du bruit à cette occasion. Mais c'est pour dire que l'on est là et permettre de mieux vivre au quotidien durant tout le reste de l'année ».
Et maintenant?
« Nous allons revenir à un travail plus banal. Celui d'organiser, avec l'association Quazar par exemple, des soirées, des rencontres, des débats afin de relayer les informations nécessaires pour lutter contre les préjugés. Et puis, nous nous dirigeons très probablement vers une deuxième Gay Pride angevine l'an prochain ».

propos recueillis par Ph. Barré, 28.05.2000