Zoom sur la Lesbian & Gay Pride d'Angers
Interview de Yannick, président de Quazar, qui organise la Lesbian & Gay Pride d'Angers


Yannick, Qui es-tu ?

Depuis septembre 2000, je suis le président de l'association gay et lesbienne Quazar dont je suis adhérent depuis deux ans. Quazar a sept ans, et est la plus vieille association gay et lesbienne d'Angers (Ce n'est pas difficile, il n'y en a que deux). Quazar organise cette année la Lesbian & Gay Pride d'Angers.

Quand a eu lieu la première Lesbian & Gay Pride à Angers ?

En 1999, il y avait eu un rassemblement avec de la musique et des prises de parole politique, mais pas de défilé. C'était un test pour savoir si on allait être suffisamment nombreux. On ne voulait pas tenter le défilé tout de suite. Le rassemblement avait plutôt bien marché pour un début : on était 300 personnes.
La première marche a eu lieu en 2000, organisée par Quazar et la LGP de Nantes qui a apporté son aide pour nous mettre le pied à l'étrier. On était 700 personnes. Une progression déjà bien nette, qui permettait de s'imposer dans les rues d'Angers. Pour cette première marche, on avait un peu peur, parce que beaucoup de gens nous disaient ne pas être prêts à défiler dans leur ville (Angers n'est pas une grande ville).
On s'est dit qu'on allait juste se retrouver à quelques uns. La surprise, c'est qu'il y avait beaucoup d'hétéros qui étaient venus avec leurs enfants défiler contre l'homophobie. Ca nous a fait vraiment plaisir, ça a compensé tous ceux qui n'étaient pas venus parce qu'ils avaient peur pour leur boulot ou pour leur famille.

L'organisation a-t-elle été difficile ?

Elle n'a pas été trop difficile, d'abord parce qu'on a bénéficié au niveau pratique de l'aide de la LGP de Nantes, qui fait partie des vieilles LGP de France. On a aussi profité de l'aide de la Mairie d'Angers, qui, depuis que Jean-Claude Antonini est à la tête de la ville, nous a beaucoup facilité les choses pour l'organisation. On a eu de bons contacts avec la mairie, ils nous ont prêté du matériel pour les chars, ils ont mis à notre disposition la police municipale pour encadrer la marche, et ça s'est bien passé. La Mairie a directement pris contact avec la préfecture pour l'organisation.

Comment s'est passée la marche en elle-même ?

Dans les rues, il y avait une ambiance assez particulière vu que c'était une première. On est passés par une des places centrales, où il y a du monde le samedi. Certains sont venus vers nous parce qu'il ne savaient pas ce que l'homophobie était. Certains étaient amusés. Il n'y a pas eu de réaction hostile. On a même eu la CGT qui organisait une manifestation ce jour là, qui a suivi le cortège et qui a manifesté après nous. Ils sont venu renforcer les effectifs de la LGP.

Il y avait des chars ?

Il y avait deux chars et deux voitures de collection qui avaient été louées par les commerces gays et lesbiens d'Angers. On a eu la participation d'associations gays et lesbiennes du Mans, de Nantes, de Tours, de Rennes et de Laval. On a aussi eu des partis politiques, plutôt de la gauche plurielle : PS et Verts avec notamment le Vert Jean-Michel Marchand, qui a été élu récemment maire de Saumur en remplacement d'un homophobe, ce donc on est assez contents! On avait invité Roselyne Bachelot et on l'avait rencontrée. Elle devait nous faire un petit mot et venir, et elle s'est un peu débinée de ce côté là. C'est peut-être plus facile pour elle de défiler à Paris qu'à Angers, sa terre d'élection. On va renouveler l'invitation. On a de bons contacts avec elle, mais on a toujours un peu de mal à l'avoir physiquement présente. Je comprends que sa situation n'est pas forcément très facile.

Comment ont réagi la presse, les institutions et les associations ?

On a eu une bonne couverture de presse. Angers est traditionnellement assez catho, il y a pratiquement une église à chaque coin de rue. Ca a attiré les journalistes. Certains journalistes n'étaient pas du tout au fait de la réalité de l'homophobie, et quand on a fait la conférence de presse, ils ont un peu découvert ça. Un journaliste était tellement indigné qu'il s'est engagé dans son article pour que ce genre de choses n'existe plus. On a eu une réaction dans la presse des associations familiales catholiques. C'était assez vague, ils ne s'étaient pas nommés précisément. Ces associations avaient fait passer un communiqué dans Ouest France et dans Le Courrier de l'Ouest, en rappelant que le maire a un devoir de "salubrité publique" et de "protection des enfants". On voyait bien l'amalgame nauséabond qui se cachait derrière. Ils menaçaient même de faire une contre manifestation, mais on ne les a pas vus. Il y avait juste quelques autocollants sur le parcours de la marche. Quelques associations catholiques ont montré les dents, mais sont finalement restées bien au chaud chez elle et n'ont pas osé contre-manifester.

Quel est le parcours pour la marche 2001 ?

Samedi 19 mai. Le départ aura lieu à 14h30 place Kennedy (parking du château d'Angers). On remontera le boulevard du roi René, on prendra la rue des Lices et la rue Voltaire. On se dirigera ensuite vers la place du ralliement, place centrale d'Angers, où il y aura certainement une minute de silence en mémoire de celles et ceux qui sont décédés du SIDA. On prendra ensuite la rue Lenepveu. On finira vers 17h30 place Imbach, où il y aura une prise de parole militante des associations gays et lesbiennes, des associations amies et des représentants politiques qui sont présents. On va essayer de faire un texte commun pour éviter les longs discours et faire en sorte que ce soit dynamique. Cette prise de parole est importante mais peut paraitre un peu longue.

Quels sont les points forts du programme ?


Le Cycle cinéma "Autres désirs". Ca fait plusieurs années qu'on fait ce cycle, et on l'intègre dans le programme de la LGP. On verra notamment "Les yeux fermés", "La leçon de ténébres", "O'Fantasma". Il y aura des débats, et la venue d'Olivier Py ou de Vincent Dieutre. Des réalisateurs viendront dialoguer avec le public.
Il y aura aussi la grande soirée après la marche, qui aura lieu au Chabada, un lieu incontournable sur Angers pour les concerts et les soirées. Pour la première fois, on investit ce lieu avec deux soirées en une : une soirée avec des DJs, et une soirée spectacle de type cabaret avec une troupe qui s'appelle les "Love and Strass", et avec les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence. Il y aura deux salles, et on pourra circuler de l'une à l'autre.
Ensuite il y aura un after dans les commerces gays et lesbiennes d'Angers. Le principe est de faire une nuit non stop jusqu'a l'aube. Il y aura un pass nuit blanche Gay Pride, qui permettra de faire la fête toute la nuit.
La pass coûte 170 francs (155 francs pour les porteurs de carte Chabada et pour les adhérents de Quazar). Le pass est vendu dans les commerces et à l'association. Il permet d'accéder à toutes les activités du week-end : entrée au Chabada, entrée à l'after, petit déjeuner et des boissons gratuites dans chaque lieu. Avec une option sauna, qui permet avec 40 F de plus d'accéder au sauna. L'entrée seule au Chabada est à 75 F (tarif réduit à 65 F).
On a essayé de travailler dans un esprit unitaire et de mobiliser tous les commerces et de faire une fête qui n'est pas que la fête officielle de la LGP, mais qui va se poursuivre après dans plein de commerces qui doivent s'approprier la LGP et la fête.

propos recueillis par Oliver Monnot, 06.04.2001