Plus de 700, ils ont défilé dans la joie et la bonne humeur, les homosexuels, samedi à Angers. La première « lesbian and gay pride » de France, pour la saison 2003, faisait la part belle à l’homoparentalité.
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LLEZ, lance l’animateur à l’adresse des passants et curieux sur le trottoir, « venez nous rejoindre, avec vos pères et mères, frères et sœurs, oncles et… tantes, sans jeu de mot ! » On ne manque pas d’humour, chez les homos, et quand il s’agit de faire la fête, on est même plutôt gai. L’homosexualité s’affiche, se chante (on pense à « Petit pédé » de Renaud, entre autres), descend dans la rue sous les banderoles à défaut de monter dans les cœurs et les esprits de beaucoup encore.
Samedi, Angers avait l’honneur (l’horreur, diront d’autres) de lancer la série des LGP de France pour la saison 2003. LGP, « lesbian et gay pride ». « Les prochaines auront lieu à Rouen, Metz (en mai), Lille, Reims, Nantes, Montpellier, Bordeaux, Caen, Lyon, Rennes, Strasbourg, Biarritz, Paris », explique un organisateur, Marseille fermant la marche le 5 juillet.
Les « gay pride » ne fleurissent pas partout. En tout cas, il y en a une à Angers, depuis quatre ans, et ça décoiffe dans le centre-ville ! « Il faut se souvenir de la première, qui n’était qu’une présence statique place Mitterand ! », rappelle un responsable de Quazar, l’association « cultures et libertés homosexuelles » angevine, qui s’est finalement bien structurée à force de combats et de persévérance. Il y a d’ailleurs eu le combat pour le PACS, et personne n’a oublié avec quelle passion une Angevine l’a défendu ce PACS, à l’Assemblée Nationale. Elle est devenue ministre de l’Ecologie.
Cette année, le « mot d’ordre est l’homoparentalité. Diversité des familles et égalité des droits », annonce Quazar. L’association des Parents et futurs parents gays et lesbiennes est engagée à fond dans cette lutte. « Ce combat risque d’être aussi ardu et long que pour le PACS », craint la communauté homosexuelle qui, entre deux pubs pour des hammams, sauna sec et autres cabines de relaxation,pour des soirées, rendez-vous, sorties en canoë-kayak ou expositions, n’hésite pas à parler également politique.
Coloré et gai, dans les rues d’Angers samedi. Et dérangeant, irritant, déroutant pour beaucoup. (Photo Éric Pollet)
Des responsables des Verts et du parti socialiste étaient d’ailleurs présents parmi 700 manifestants, drapeaux au vent, samedi au rassemblement homosexuel, ainsi que la LCR, au milieu des bannières de « Aides », des Tours Angels (venus d’Indre-et-Loire), et des représentants nantais. On s’en prenait même au « G8 de la guerre » (prévu le 1er juin à Evian), tout en roulant des hanches sur une musique de Dalida. Les homosexuels ont-ils besoin de manifester pour se faire entendre ? Une certitude, ils amusent, interpellent les uns, dérangent, irritent et déroutent les autres.