Angers gaiement

Les homos ont fait leur petite sortie de printemps dans les rues d'Angers, devant un public mi-amusé mi-indifférent.

      Le plus curieux, dans la manifestation organisée samedi à Angers par le mouvement homo, baptisée la " Lesbian & Gay Pride ", ce n'était pas tellement le défilé lui-même, si pittoresque fût-il, que la tête des passants. Entre dignes vieillards interloqués, regards désabusés, mines indifférentes ou visages réjouis devant le tintamarre, le spectacle était presque autant sur les trottoirs.
      S'étant gardés de toute provocation trop fracassante, les gays et les lesbiennes rassemblés dès 14h30 sur la place Kennedy avaient prévu un défilé kermesse plutôt bon enfant : camions sonorisés, voitures décapotables hébergeant quelques " folles " au maquillage carabiné, et grand drapeau coloré déployé.
      Le slogan " Non à la discrimination " s'inscrivait sur la banderole devant les manifestants, qui prenaient le chemin de la place du Ralliement au son vrillant d'un bon millier de sifflets à roulettes en passant par le boulevard du Roi René et la rue des Lices.
      Pour cette deuxième édition de la Gay Pride à l'angevine, une grande fête était prévue le soir même au Chabada.

Pour " l'égalité des droits "

      " C'est une manifestation à la fois politique, culturelle et festive, pour en finir avec l'homophobie qui a déjà marqué un net recul, mais pas assez ", explique Yannick Taillandier, président de Quazar, association gay et lesbienne d'Angers. " Un grand pas a été fait, poursuivait-il, avec le débat sur le PACS, mais nous subissons encore trop de moqueries, d'insultes, de pressions des familles et des entreprises. Comme nous sommes un peu plus visibles désormais, nous sommes plus sensibles aux propos qui minent le moral. " Le mouvement entend aller plus loin que le succès obtenu avec le PACS, demandant " l'égalité des droits avec les hétéros, et pourquoi pas une ouverture au mariage ".
      L'association Quazar, qui avait rassemblé quelque 700 militants et militantes l'année dernière à Angers, a créé un fanzine mensuel gratuit " Quazar Ze Niouzes ", tiré à 1.000 exemplaires, et anime une émission de radio toutes les deux semaines sur Radio G. Samedi, le haut-parleur était dans la ville.

M.P.

La Nouvelle République, 21.05.2001