Réseau d'amitiés pour les homosexuels

L'association Quazar a inauguré son local à Angers. Il permettra d'accueillir les homosexuels parfois isolés et de créer des réseaux d'amitiés.

      "Je sentais que j'étais homosexuel, mais je ne me reconnaissais pas dans l'image véhiculée par les médias. Quand on est un jeune homosexuel, on n'a pas envie de s'identifier à ce côté " Cages aux folles ". Les homos n'ont pas tous envie de se travestir. On est différent, mais on vous ressemble. " : Jérémie, pull bleu marine, style BCBG, gentil et cultivé, n'a effectivement rien d'une drag queen. Secrétaire de l'association Quazar, il affirme : " Plombier, médecin, boulanger, psychologue, enseignant, nous avons une vie comme tout le monde ".
      L'ambiance était simple et accueillante pour l'inauguration des nouveaux locaux de Quazar, association gay en Anjou. Quelques politiques s'étaient mêlés aux soixante adhérents de l'association qui ont installé leurs pénates au 40, boulevard Henri Arnaud, leur premier local.
      Quazar a pris depuis 1993, le relais de différentes associations gays et lesbiennes du département qui se sont succédé. La vice-présidente Maryannick a évoqué les avantages d'un local fixe : " Le local, prêté par la mairie, nous intègre dans le dynamisme associatif. Nous y tenons des permanences depuis deux mois. Nous recevons une dizaine de personnes à chaque fois, avec six nouvelles adhésions. Jeunes homosexuels, adultes nouvellement arrivés à Angers ou parents désemparés en découvrant la " différence " de leur enfant, trouvent un endroit où parler. "

Randonnées, chorale et "gay-tea dance"

      Le milieu rural, où la solitude d'un homosexuel est encore plus grande, s'adresse aussi à Quazar. L'association lui donne l'occasion de retrouver ses semblables en organisant rallye, randonnées, chorales ou " tea dance ". On peut aussi consulter les livres de la bibliothèque. Jérémie en témoigne : " Quand j'étais plus jeune, j'aurais aimé pouvoir dire à quelqu'un que j'étais différent. J'ai reçu récemment une lettre d'un jeune homme qui habite dans un village. Ses parents sont homophobes mais ne savent pas qu'ils ont un fils homosexuel. Il décrit sa détresse de ne pouvoir se dire ".
      Des jeunes un peu paumés, parfois suicidaires, sont épanouis après six mois de contact avec Quazar, préférant la sécurité d'une association plutôt que des rencontres aléatoires d'un bar : " Beaucoup de femmes viennent à l'accueil, je peux leur faire découvrir certains lieux gays où elles n'osent pas aller. On voit des petits groupes se créer, des liens d'amitié et de solidarité se tisser ensuite. Notre rôle a été alors rempli : sortir les gens de leur isolement " explique Maryannick.

C.D.
La Nouvelle République, 29.11.2000