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Guillaume Dustan (1965 - 2005)

Guillaume Dustan a été retrouvé sans vie le 8 octobre 2005 dans le petit studio parisien où il habitait, des suites d'une intoxication médicamenteuse involontaire. 
De son vrai nom William Baranès, né en 1965 dans une famille juive bourgeoise de gauche d'un père psychanalyste et d'une mère architecte d'intérieur, il fut un élève brillant. Adolescent surdoué, il obtiendra plusieurs prix au Concours Général, ce qui lui vaudra notamment de passer à la TV, au " 13 heures " d'Yves Mourousi. Il continue ses études à Sciences-Po et à l'ENA (en 1988, à 23 ans) et devient haut fonctionnaire, juge administratif. Il mènera une double vie, respectable en public et beaucoup moins en privé. 

Séropositif depuis 1990, il devient dépressif et sa vie va basculer. Il quitte Paris et obtient un poste à Tahiti où il écrit son premier livre : " Dans ma chambre " paru en 1996 sous le pseudo de Guillaume Dustan. Plutôt bien écrit, il connut un succès médiatique immédiat qui l'incitera à prendre congé de l'administration.Ce sera le départ d'une météorique carrière d'écrivain. Ses livres suivants : " Je sors ce soir " (1997) et " Plus fort que moi " (1998) obtenant moins de succès, il devient éditeur en créant la collection " Le Rayon Gay " (puis " Le Rayon ") chez Balland en 1999. Il publiera en deux ans une cinquantaine d'ouvrages de littérature gay et lesbienne originaux ou traduits. Son quatrième livre : " Nicolas Pages " (1999) lui vaudra le prix littéraire de Flore. 

En 2001, il publie " Génie Divin " (aux mêmes initiales que son pseudo) son meilleur livre, mégalo et foisonnant d'idées, qui lui vaudra de nombreux passages médiatiques où il apparaît avec des perruques multicolores et des tenues improbables.
Le style de ses livres peut être qualifié d '" autopornobiographie " et il se fait le chantre des relations sexuelles non protégées entre gays séropositifs. Ayant déclaré que " la capote ne pourra jamais être la règle en matière de sexualité ", il devient la bête noire d'Act-Up qui proclamera : " Il faut l'empêcher de dire ce qu'il dit " et le boycottera à vie. 
Il publie encore " LXiR " (en 2002) qui recevra un accueil mitigé et, son congé prenant fin, il redevient juge administratif à Douai dans le Nord. Il déclare renoncer à l'écriture et s'intéresser au cinéma. Il écrira pourtant " Dernier roman " (2004) et 
" Premier essai " (2005), passés presque inaperçus. 
Avant de disparaître à l'aube de ses 40 ans, il travaillait à une biographie d'Andy Warhol. Il restera de Guillaume Dustan le souvenir d'un mec d'une grande intelligence mais à peu près insupportable, provocateur cynique et mégalo, huit livres de qualité inégale dont les meilleurs révélaient un certain talent d'écrivain, un travail d'éditeur prolixe et quelques films dont deux courts-métrages qui sont passés en hommage posthume lors du Festival du Film Gay et Lesbien de Paris en octobre. 
Lors d'une interview à Libération il y a cinq ans, il avait déclaré " Faut que je m'efface, ça me rendra supportable aux gens ". C 'est fait, involontairement…

Jacques Guiton 
novembre 2005