Infos VIH/SIDA


      Nous continuons avec Pierre ABGUEGUEN, médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU d’Angers, cette rubrique autour de questions relatives au VIH/SIDA et autres IST. Vous pouvez participer à cette rubrique en posant vos questions, via l’email de Quazar ou le courrier postal.

      Quazar : On parle de surcontaminations lorsqu’une personne séropositive rencontre à nouveau le VIH, par exemple lors d’un rapport non protégé avec une autre personne séropositive. Qu’en est il de la réalité des surcontaminations et quels sont les risques qui en découlent ?
      Pierre Abgueguen : On peut comprendre en effet que les patients séropositifs au VIH se disent : « A quoi bon me protéger puisque je suis déjà porteur du VIH ? Moi je ne risque plus rien. » Bien sûr il faut toujours essayer de penser d’abord au partenaire et aux risques potentiels qu’on lui fait encourir. Mais pour le patient lui-même, il peut aussi y avoir des risques, surtout si celui-ci reçoit un traitement antirétroviral.
      En effet, le virus du VIH est particulier en ce sens qu’il a la capacité de se multiplier énormément et qu’en se multipliant il y a des erreurs de fabrication des virus qui fait que ceux-ci peuvent être très différents les uns des autres. Si un patient séropositif au VIH reçoit un traitement, le virus est bloqué dans sa multiplication et il va se cacher dans des sanctuaires comme les ganglions. Ne se multipliant plus, le patient ne risque pas de voir apparaître des virus résistants au traitement, si celui-ci est pris de façon très régulière. Par contre si le patient est de nouveau contaminé par un partenaire séropositif, il peut être contaminé par une nouvelle souche du VIH déjà résistante au traitement qu’il reçoit et ainsi échapper à l’efficacité de son traitement.
      Il faut cependant dire que ce cas de figure n’est pas le plus fréquent. En effet, pour pouvoir infecter une personne, le virus a besoin d’être sous une forme particulière et les souches dites « sauvages » (c'est-à-dire ne possédant pas de résistances aux traitements contre le VIH) sont beaucoup plus facilement infectantes que celles possédant des mutations responsables de résistances aux traitements. Actuellement, on considère que 15 à 20% des nouvelles contaminations se font avec des virus possédant déjà des résistances contre certains médicaments.
      Pour les patients séropositifs et non traités, une surcontamination n’est pas non plus sans conséquence. Le risque est d’être infecté par des souches de virus de plus grande virulence, c’est à dire accélérant la progression de la maladie et l’apparition des symptômes.


propos recueillis par Jérémie
septembre 2003



lire les précédentes rubriques :
mai 2003 > Quelle est, selon vous, la situation du VIH/SIDA actuellement à Angers ?
juin 2003 > En quoi jugez-vous qu’il est important de se faire dépister aujourd’hui et que dépiste t-on ?
juillet 2003 > Que faire en cas d’une prise de risque (accident de capote ou rapport non protégé) ?