Infos VIH/SIDA
Nous continuons avec Pierre ABGUEGUEN, médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU d’Angers, cette rubrique autour de questions relatives au VIH/SIDA et autres IST. Vous pouvez participer à cette rubrique en posant vos questions, via l’email de Quazar ou le courrier postal.
« Quazar : Une question qu’on nous pose
souvent : quels sont les risques de transmission du VIH concernant la fellation
?
P. Abgueguen : Si la question est y a
t il un risque de transmission du VIH par fellation, la réponse est oui sans aucune
ambiguïté. De toute évidence, plusieurs patients VIH positif suivis dans le
service n’ont eu aucun autre facteur de risque que celui-ci, mettant par ailleurs
systématiquement un préservatif à chaque fois qu’il y avait pénétration. Pendant
longtemps le discours de prévention a en fait parlé de risque fort et risque faible
semant ainsi la confusion même si cela a une réalité « statistique ».
En effet, il existe 10 fois plus de risque
d’être contaminé par le VIH lorsque que l’on est pénétré par un patient VIH positif
que lorsque l’on fait une fellation à un patient séropositif. Par conséquent l’essentiel
du discours de prévention était axé initialement sur la sodomie.De la même
manière, il existe des risques plus importants de transmission du VIH lorsqu’il
y a éjaculation dans la bouche que s’il n’y a pas éjaculation. Cependant un risque
persiste puisque l’on sécrète du liquide séminal avant l’éjaculation, liquide
qui contient beaucoup de virus pouvant ainsi pénétrer par la muqueuse buccale.
Cette muqueuse doit normalement être altérée mais des micros blessures suffisent
pour permettre la pénétration du virus.
Le risque de la fellation est également
de favoriser la transmission d’autres IST au premier rang desquelles se trouve
la Syphilis. Un patient présentant une syphilis génitale pouvant passer inaperçue
au niveau de la muqueuse présente un risque non négligeable de transmettre une
syphilis buccale chez le partenaire, qui se traduit par l’apparition d’ulcérations
de la bouche. Enfin il faut savoir qu’un patient porteur d’une syphilis génitale
et séropositif au VIH a 10 fois plus de risques de contaminer son partenaire qu’un
patient uniquement séropositif, et ce quelle que soit sa pratique, puisque la
syphilis augmente la sécrétion du VIH dans le liquide séminal. »
propos recueillis par Jérémie
décembre 2003
lire les précédentes rubriques :
mai 2003 > Quelle est, selon vous, la situation du VIH/SIDA actuellement à Angers ?
juin 2003 > En quoi jugez-vous qu’il est important de se faire dépister aujourd’hui et que dépiste t-on ?
juillet 2003 > Que faire en cas d’une prise de risque (accident de capote ou rapport non protégé) ?
septembre 2003 > Qu’en est il de la réalité des surcontaminations et quels sont les risques qui en découlent ?
octobre 2003 > Quel est l'intérêt,
pour une personne asymptomatique, de poursuivre sa trithérapie ?