Infos VIH SIDA 7
Nous continuons avec Pierre ABGUEGUEN,
médecin dans le service des maladies infectieuses du CHU d’Angers, cette rubrique
autour de questions relatives au VIH/SIDA et autres IST. Vous pouvez participer
à cette rubrique en posant vos questions, via l’email de Quazar ou le courrier
postal.
« - Quazar : Quand une personne est porteuse
du VIH, de la syphilis ou d'une hépatite, on parle de périodes où elle serait
plus " contaminante " en cas de relation à risque. Qu'en est-il ? Peut-on transmettre
un virus plus facilement tout de suite après sa propre contamination ou est-ce
que cela fluctue ?
- P. Abgueguen : Dans un premier temps,
rappelons qu'à partir du moment où l'on se protège, la notion de périodes " plus
à risque de contamination " n'a pas de sens.
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La syphilis est une bactérie. La phase
initiale de contamination se traduit par la constitution d'une ulcération (sorte
de gros aphte) de la muqueuse génitale ou buccale et c'est au niveau de cette
ulcération que le risque de contamination est le plus élevé par contact
avec la muqueuse saine de l'autre partenaire. L'ulcération guérie spontanément
au bout de quelques semaines. La personne contaminée reste " contaminante "
pour les partenaires mais le risque devient alors un peu moins important. Il
est essentiel de savoir que la fellation est à haut risque de transmission
pour la syphilis et que cette maladie est actuellement en pleine recrudescence,
notamment à Paris et surtout dans la population homosexuelle, mais aussi dans
toutes les régions françaises.
Pour le VIH, il est exact que c'est lors
de la primo-infection, c'est à dire lors de la contamination initiale, que
le patient est, et de très loin, le plus à risque d'être contaminant. En
effet, pour s'installer dans l'organisme, le virus a une phase de multiplication
extrêmement importante, le virus diffuse dans tous les secteurs de l'organisme
et donc notamment dans le liquide séminal où son taux élevé le rend plus à risque
d'être transmis. Une fois installé, la multiplication du virus se ralentit (le
taux peut passer de 1.000.000 à 10 virus par millilitre de sang), ce qui correspond
à la phase asymptomatique de la maladie. Enfin, au bout de quelques années
sans traitement, le patient devient malade au stade SIDA et redevient alors
très riche en particules virales, donc très contaminant.
Le terme général d'hépatite rassemble
des maladies très différentes les unes des autres. Pour les hépatites virales,
les plus connues sont la A, B et C mais elles existent jusqu'à G maintenant.
L'hépatite A est transmise par voie digestive. Des épidémies existent dans le
milieu homosexuel essentiellement par voie bucco-anale. Il s'agit d'une maladie
non mortelle mais pouvant donner une jaunisse et une grande fatigue pendant
plusieurs semaines. Le malade reste contaminant jusqu'à sa guérison complète.
Pour l'hépatite C, sa voie de contamination est principalement la voie sanguine.
La transmission par voie sexuelle reste anecdotique. La transmission est sûrement
plus importante à la phase initiale de la maladie mais elle reste élevée pour
la voie sanguine durant toute la durée de la maladie. L'hépatite B se présente
de la même manière que le VIH pour les risques de transmission. »
propos recueillis par Jérémie
février 2004
lire les précédentes rubriques :
mai 2003 > Quelle est, selon vous, la situation du VIH/SIDA actuellement à Angers ?
juin 2003 > En quoi jugez-vous qu’il est important de se faire dépister aujourd’hui et que dépiste t-on ?
juillet 2003 > Que faire en cas d’une prise de risque (accident de capote ou rapport non protégé) ?
septembre 2003 > Qu’en est il de la réalité des surcontaminations et quels sont les risques qui en découlent ?
octobre 2003 > Quel est l'intérêt,
pour une personne asymptomatique, de poursuivre sa trithérapie ?
décembre 2003 > Quels sont les
risques de transmission du VIH par la fellation ?