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L'observance du traitement
En fait, le traitement du VIH se différencie du traitement
des autres maladies par un élément fondamental :
« - Quazar : Une question nous est posée :
pourquoi l'observance du traitement anti-VIH est elle si importante ?
- P. Abgueguen :De nombreuses communications
et parfois même des congrès dans leur totalité sont consacrés au sujet de "
la qualité de la prise du traitement antirétroviral par le patient séropositif
au VIH ", ce qu'on appelle l'observance. Cela peut paraître curieux qu'on
puisse consacrer autant de temps pour arriver à dire qu'un traitement marche
mieux quand il est pris selon la prescription médicale que lorsqu'il est mal
pris ou pas pris du tout.
- Si un malade prend un traitement quotidien en raison d'une tension trop élevée
par exemple et qu'il oublie de le prendre, disons 2 fois par semaine, la tension
remontera à chaque fois que le comprimé est oublié mais reviendra à la normale
dès la prise suivante du comprimé. L'efficacité du médicament est conservée
dans ce cas et cela quelle que soit la qualité de l'observance.
- Dans le cas du VIH, si l'observance du traitement n'est pas suffisante,
c'est-à-dire si le patient le prend irrégulièrement, le virus n'est pas totalement
" éteint " et il continue de se multiplier. Le plus grave, c'est que le
virus se multiplie peu certes, mais suffisamment pour que des virus mutants
apparaissent. Parmi ces virus mutants, certains peuvent être résistants
au traitement que le patient prend irrégulièrement. C'est l'extraordinaire
capacité du virus à produire des copies " modifiées " en se multipliant, qui
entraîne ces résistances. Dès que ce virus mutant résistant est apparu, le traitement
ne peut plus être efficace et le virus se multiplie alors de nouveau de façon
importante. L'efficacité du médicament est, dans ce cas, perdue de façon définitive.
Il faut alors trouver de nouvelles associations de médicaments, ce qui n'est
pas toujours facile.
Signalons que par " bonne observance ", on entend un patient qui
prend son traitement avec une régularité de plus de 90%, ce qui est très
difficile à tenir dans une maladie devenue désormais chronique et nécessitant
de prendre un traitement quotidien pendant des années. Cette observance de 90
% correspond, en effet, à ne pas oublier de prendre son traitement plus de
3 jours par mois. Aussi, il apparaît très important de pouvoir parler à
son médecin de sa difficulté à prendre son traitement selon la prescription
et des oublis de prises de médicaments. Ce n'est alors qu'ensemble que l'on
pourra mieux trouver les solutions pour répondre à ces difficultés.
propos recueillis par Jérémie
juillet 2004
Lire les précédentes rubriques :
mai 2003 > 1. Quelle est, selon vous,
la situation du VIH/SIDA actuellement à Angers ?
juin 2003 > 2. En quoi jugez-vous qu’il
est important de se faire dépister aujourd’hui et que dépiste t-on ?
juillet 2003 > 3. Que faire en cas d’une
prise de risque (accident de capote ou rapport non protégé) ?
septembre 2003 > 4. Qu’en est il de la
réalité des surcontaminations et quels sont les risques qui en découlent ?
octobre 2003 > 5. Quel est l'intérêt,
pour une personne asymptomatique, de poursuivre sa trithérapie ?
décembre 2003 > 6. Quels sont
les risques de transmission du VIH par la fellation ?
février 2004 > 7. Peut-on transmettre
un virus plus facilement tout de suite après sa propre contamination
?
avril 2004 > 8. Quels sont les modes
de transmission de la syphilis et ses manifestations cliniques ?